Horlogerie Française, Relativité du temps qui passe….

 

Tic . Il est d’ordinaire, dans ces vies et ces villes dynamiques, rythmées par nos activités toujours plus nombreuses, nos modes éclairs et notre fâcheuse tendance à lui courir après, que le temps nous échappe. Pourtant, il est omniprésent et découpe nos existences en instants, en moments, en période et autre temporalité abstraites. Abstraites et irrégulières. Combien de passions qui passent en un éclair et combien d’ennuis ou le temps se dilate sans cesse ? Car s’il est assez simple de déterminer la durée d’une journée en levant les yeux au ciel, il nous est plus compliqué de transcrire humainement un temps mathématique, séquencé et juste.

La montre, comme les multiples gardes temps, ne s’autorise pas cette vision malléable du temps et vie au rythme régulier des secondes, des minutes, des heures et autres complications calendaires. Alors profitons de cette période un peu particulière et ralentie pour nous pencher sur la perception mécanique du temps et sur le découpage de ce dernier.

Avant même de se pencher sur cette notion de temporalité “vraie”, il est important de connaître (rappeler pour les plus passionnés d’entre-nous) le fonctionnement de nos précieux appareils horaires. Le principe est assez simple : une source d’énergie brute (un ressort dans la majorité des montres mécaniques et automatiques) transmet à l’aide d’un jeu de rouages un flux continu mais irrégulier d’énergie. C’est alors qu’intervient une partie cruciale du bon fonctionnement de ces mécanismes : l’échappement. Là ou le métronome tient le tempo et la constance d’une structure musicale, cet ensemble de composants, les plus sensibles et complexes de nos montres, assurent un découpage précis de cette rotation jusqu’alors libre. Le balancier, pièce maîtresse de cette régulation se met alors à battre. Et la montre prend vie. Nous pourrions alors terminer ce voyage horloger sur ces mots.

calibre-ETA

 

 

Mais le fort regain d’intérêt pour l’univers des montres mécaniques de ces dernières années, a apporté un nombre conséquent d’informations qui peuvent complexifier la compréhension même de ces dernières. Certaines données, comme la durée de réserve de marche par exemple, sont assez accessibles et explicites. Mais quand vient l’heure de parler de fréquences et de vitesse d’oscillations, les choses peuvent se complexifier légèrement. Et ce sont pourtant ces données qui organisent la marche même du temps qui passe.

Commençons par définir la fréquence d’un mouvement. On trouve deux unités de mesures pour cette même information ; le hertz qui définit le nombre d’oscillations par secondes du balancier-spiral, et le nombre d’alternances qui, pour vulgariser, définit le nombre de “tic tac” sur une durée d’une heure. Voici un court échantillon des valeurs les plus courantes dans l’histoire horlogère :

18000 alt/h, correspondant à 2,5 Hz, est une fréquence que l’on retrouve essentiellement sur nos anciennes montres gousset, mais également sur nos chères vintages (Lip R25, Valjoux 23, etc…)

19800 alt/h, correspondant à 2,75 Hz, est une fréquence assez peu connue et qui fut la spécialité des calibres Omega (cal. 564 Constellation, cal. 552 Seamaster etc…)

21600 alt/h correspondant à 3 Hz, est la fréquence standard de ces 40 dernières années. On le retrouve dans de très nombreux mouvement de maisons horlogères diverses (Eta 2824-2, Seiko 7s25, pour ne citez qu’eux).

28800 alt/h correspondant à 4 Hz, tends à se démocratiser et à devenir le nouveau standard des constructeurs actuels (Eta 2892-2, Miyota 9015, etc. Certaines marques en ont d’ailleurs déjà fait leurs base, comme une fameuse marque nantaise dont je tairais le nom ici).

Certains constructeurs ont par ailleurs cherché à créer l’exploit dans cette spécialité. Zenith jette un pavé dans la mare et dévoile en 1969 le calibre El Primero, premier mouvement montant à 36000 alt/h, soit 5 Hz, inédit pour l’époque. Ces dernières années, c’est notamment la marque Suisse Tag Heuer qui s’est lancée dans la course à la fréquence ultime.

Mais laissons quelques instants ces chiffres de côté et interrogeons nous sur l’impact concret de ce paramètre. L’augmentation de la fréquence apporte déjà une première différence d’ordre visuel. Plus la vitesse d’oscillation d’un mouvement est haute et plus le mouvement de l’aiguille de secondes (ou de chronographe) sera fluide, ce qui est un critère esthétique apprécié de beaucoup d’amateurs de belle horlogerie. Les fréquences élevées apportent également un gain important dans la précision de nos gardes-temps. En effet, un écart de réglage momentané (dû à un choc par exemple), sera beaucoup moins impactant sur 28800 déplacements que sur 18000. Elles apportent donc un réel atout dans la recherche de performances et de certifications chronométriques. Enfin, l’utilisation et la création de mouvement “haute fréquence” peut-être un excellent moyen de communiquer sur les capacités des marques à maîtriser ces savoirs-faire et ces prouesses d’une grande complexité.

 

Cette quête de la fréquence ultime, possède aussi quelques inconvénients notable. Une montre avec une grande fréquence présentera des signes d’usures prématurés et de potentiels problèmes sur le long terme. Les problèmes de durabilités des matériaux, de lubrifications et de sensibilités des composants sans cesse plus techniques se dressent toujours sur la route d’une démocratisation de ces mouvements haute-fréquences. Mais doit-on fuir cette recherche absolue de la précision mécanique ? Du ressort-spiral au tourbillon, en passant par les procédés de fabrication toujours plus sophistiquée, la recherche de la précision en horlogerie à toujours mené aux innovations les plus fantastiques de cet artisanat, et possède encore de nombreuses pages blanches à écrire.

Chez Akrone, malgré la proximité avec le temps que nous, vivons de par nos produits, nous n’avons pas réussi à choisir de temporalité définie. Nous passons tous les jours des heures à régler chacune de nos montres à la seconde, mais prenons toujours un instant pour échanger avec vous ou un moment pour vous recevoir. Nous étudions les idées d’hier pour proposer les nouveautés de demain. Et malgré ce 5e anniversaire, nous pensons toujours être au début de l’aventure, et comptons bien donner, encore pour longtemps, notre vision du temps qui passe. Tac.

 

Victor

1 commentaire

  1. willnbt le 28 mars 2020 à 13 h 21 min

    Beau texte d’une précision horlogère. Et toc !



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